Benzema, CR7, Messi : quelle stratégie politico-sportive pour l’Arabie saoudite ?

L’arrivée de Benzema vers le club saoudien d’Al-Ittihad met en lumière la stratégie de l’Arabie saoudite pour faire du sport un levier pour transformer son pays et améliorer son image à l’international. Décryptage.

La venue de Benzema vers le club d’Al-Ittihad pour environ 200 millions $/an fait partie d’une stratégie de l’Arabie saoudite pour attirer les joueurs les + connus/suivis du football, pour que ces joueurs et cette ligue deviennent des relais pour les objectifs du pays.

La pétromonarchie a en effet lancé en 2016 son plan Vision 2030 pour :
– renforcer les services à la population (santé/sport)
– investir dans des secteurs clés (dev. durable, nv. technologies, tourisme)
– multiplier les partenariats internationaux
– diversifier son économie

Un projet porté par le leader de la pétromonarchie, Mohammed ben Salmane (MBS), le fils du roi d’Arabie saoudite. Il a notamment à coeur de faire de nouveau de l’Arabie saoudite une forte puissance régionale et internationale.

Pour se faire, il a utilisé au début de son exercice des méthodes très offensives (assassinat de Khashoggi, guerre au Yémen, blocus contre le Qatar) qui ont écorné l’image de l’Arabie saoudite au niveau international.

Un autre levier sera alors activé pour redorer le blason saoudien et masquer son bilan en matière des droits de l’Homme (sportwashing), celui du sport. Domaine dans lequel l’Arabie saoudite est en retard par rapport à ses voisins, en particulier les Emirats arabes unis et le Qatar.

Des investissements conséquents seront alors faits à partir de 2018 pour accueillir de grands évènements sportifs internationaux (boxe, football, handball, cyclisme, F1…) et donc médiatiques sur son sol.

Le sport-roi qu’est le football sera un terrain peu exploité. Il faut attendre 2021 et la levée du blocus de l’Arabie saoudite sur le Qatar pour voir la situation se débloquer et voir le fonds d’investissement saoudien acquérir le club de Newcastle.

Un achat rendu possible par le fonds d’investissement souverain d’Arabie saoudite, le PIF (Public Investment Fund). Ce fonds, qui pèse plus de 600 milliards $, appuie les investissement saoudiens pour son plan Vision 2030, et donc ceux dans le sport.

Après la Coupe du Monde 2022 au Qatar qui, malgré les nombreuses critiques éthiques, écologistes…, a été un succès, les investissements sportifs des Etats du Golfe persique s’accélèrent. C’est le cas de l’Arabie saoudite avec la signature début 2023 de la star portugaise Cristiano Ronaldo à Al Nassr et une volonté d’organiser prochainement une Coupe du Monde.

L’Arabie saoudite cherche donc à s’appuyer sur des superstars du football pour promouvoir une nouvelle image de son pays à l’international et la « marque » de son pays (nationbranding).

Pour l’instant, rien ne semble arrêter les investissements pharaoniques de l’Arabie saoudite à l’image du projet NEOM, une « cité du futur » construite en plein désert et que les Jeux asiatiques d’hiver 2029 mettront en lumière.

Par Kévin Veyssière

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